星期日, 12月 18, 2005

AMERUTOPOS. (Articulo en frances, U.Libre de Bruxelles 2004)

AMERUTOPOS.
(Courte non mémoire d´une des-disparition).
Rainer María Hauser Molina.

L´Amérique n´a jamais existé. Elle ne l´en fût pas pour ses habitants originaires. Elle ne pu pas l´être pour les libertaires du XIX s. Elle ne le fut pas pour les révolutionnaires du XX s. (Elle n´a même pas été conçue pour ses habitants originaires, seule fut un idée avorté pour la pensée libertaire du XIX s. elle se convertit plutôt dans un cauchemar pour les révolutionnaires du XX s.). Fille de la double erreur de la découverte et du nom, le continent seul a existe dans l´imagination enfiévré des extrêmes, celui du socialisme utopique exprimé par la OLAS guevariste dans les années 70, et celui du marché qui nous plaça dans la cour d´arrière des USA, quarante ans auparavant. Et de la - ici. Etrange magnétisme qu´a attiré la paradoxe du sac et de l´immigration forcenée, pour fonder le système économique mondial qui l´annihile toujours, dans l´extraction de ses ressources non renouvelables, dans une concentration innuie de la richesse au milieu de la pauvreté et –périodiquement- avec l´instauration des dictatures, que par son horreur font pencher, de manière très subtile, fonctionnel et momentanée, l´attention de ceux qui regardent de loin, de l´économie aux droits humains. Seul dés hauteurs, quand on aurait réussit á s´échapper de la gravitation de son destin enchaînée, comme un oiseaux cosmique, ou un non né entre deux réincarnations
[1], peut on concevoir une unité qui jamais sur terre eut lieu.

Et pourtant, que des rêves tissés dans l´affabulation de son imaginaire inexistant!

Du Paradis sur terre a l´enfer, des monstruosités de tout genre aux géants d´une âge d´or, l´Amérique aurait fournit trois quarts de l´or et un quantité plus qu´importante de l´argent encore en usage : « entre 1503 et 1660, arrivèrent au port de Sevilla, 185 mil kilos d´or et 16 millions de kilos d´argent »
[2]. Ainsi comme la richesse du continent aurait jetée les bases matérielles pour le développement du Mode de Production actuel, l´Amérique –toujours dans le domaine du vérifiable-, a contribué a reformuler les habitudes de la culture centrale, avec des apports si importants « comme la pomme de terre, le caoutchouc, le tabac, et la coca (base de l´anesthésie moderne) ; le maïs, et l´arachide qui devaient révolutionner l´économie africaine avant peut être de se généraliser dans le régime alimentaire de l´Europe, ensuite le cacao, la vanille, la tomate, l´ananas, le piment, plusieurs espèces d´haricots, de cotons et de cucurbitacées » [3].

Très profondément s´est inscrit le « Nouveau Monde » dans la vie de la planète. On pourrait même dire que le Nouveau Monde, surgit de ses profondeurs comme le topos possible d´une projection larvée dans l´inconscient de l´histoire. Et ce-ci grâce ou malgré les malentendus chanceux qu´ont permis sa découverte. Sur le sol de cet continent tardivement baptisée, et qui a configuré de manière définitive la géographie et l´économie du monde jusqu´a nos jours, on a vu prendre corps les transformations auxquelles l´Europe était depuis longtemps en proie et qui allaient le permettre de tisser la reformulation de toute son structure idéologique. 1492, c´est aussi l´année de la reconquête des territoires occupés par les maures et l´expulsion des juives de l´Espagne. L´inquisition, faite pour lutter contre la « Reforme » en Europe, jouera un rôle, de toute première importance dans la consolidation du pouvoir politique religieux en Amérique, avec la double fonction de « extirpation des idolâtries », c´est á dire de persécution et extermination des religions amérindiennes et comme mécanisme de contrôle idéologique des espagnols des colonies. C´est ainsi qu´elle a établit la supreriorité de sa civilisation sur celles des populations rencontrés dans les champs juridique et politique, elle á établit l´hégémonie social et cultural et elle a pu réactualiser des mythes et légendes de son passé refoulé. A travers ce complexe exercice de polysémie historique, qui l´a permit de voir le monde a travers le miroir de sa propre image, elle a finalement justifié face a elle-même, le bien fondé du religieux, du politique et de l´économie.

Il est alors légitime de se demander si les inquiétudes –d´ailleurs très bien fondées- á propos de l´état actuel et l´avenir du continent, si le regard analytique porté sur l´efficacité économique et la solidité de ses institutions, dans d´autres mots, si les notions d´ordre et d´entropie qu´on utilise a son égard, ne s´inscrivent elles pas sur la même « ligne éditorial » de l´évolutionnisme ethnocentriste qui considérait des modèles unidimensionnels du progrès a être atteints par des étapes successives, toujours les mêmes, pour tous les pays du monde, en faisant table rase des particularités historiques que sa même pratique a imprimé dans le silence.

La considération de ce point de vue, critique, connu, d´une orthodoxie militante dépassée certes dans les discours du pouvoir, apparaît doté de certaines caractéristiques qui devraient le préfigurer un nouveau sens, au delà de ses frontières, quand on est témoins de l´installation d´une autre forme d´unidimensionnalité du pouvoir économique militaire mondiale, qui paraîtrait avoir exclu l´hypothèse politique, la négociation et la loi internationale, pour n´être que le jeu circulaire et pervers de l´exorbitant : le gain, la famine, l´haine et le terreur, sans propos, sans justification, sans histoire.

Il s´agit néanmoins –et il ne pourrait pas être autrement-, d´un mouvement historique, celui qui a construit la séparation entre les dominés et ceux qui dominent. Par quelles raisons s´est ce phénomène produit ? Certes il n´y a pas une cause unique, mais on est bien obligés a constater la nécessité de trouver un « attracteur étrange » qui puisse agir comme fils conducteur d´une recherche explicative. Et voici, donc qu´en quête de raisons qui puissent répondre a une logique de système, on y tombe dans le réductionnisme économique qu´on voulait éviter et que sans doute on trouve á l´origine de son continental malheur. Parce que toutes comptes faites, on dira ce qu´on voudra du «désir de connaissance pure» ou des pieux besoins d´évangélisation des européens du Moyen Âge, la «découverte» d´Amérique (ainsi que la suite de trouvailles qui l´ont précédé dans les côtes d´Afrique et les îles de Madère, les Azores, Cap vert et les Canaries), a été a la fois le résultat et l´initiation d´un processus éminemment économique: la constitution d´un système monde, qu´on appelait capitalisme et qu´aujourd´hui –beaucoup plus conscients de ses effets de totalité-, on préfère nommer globalisation.

“La découverte de régions aurifères et de gisements d´argent en Amérique, la constitution des indigènes comme esclaves, son enfermement dans des mines ou leur extermination, le commencement de la conquête et le pillage des Indes Orientales, la transformation d´Afrique dans une espèce de côte commerciale de chasse aux peaux noirs, ce sont les procédés idylliques d´accumulation primitive qui caractérisent le capitalisme dans ses origines ».
[4]

Cependant il serait une réduction de mauvais goût, surtout dans une époque oú s´installe la logique de l´hypertexte, dont jamais une chose est telle, ne serait-ce que par sa capacité de se transformer en autre d´une nature complètement distincte, que d´ignorer les facteurs culturels qui, dés mondes spirituels jusqu´aux manifestations politiques, en passant par l´art, font partie inextricable quoique différenciée de cette contredanse économique qui nous identifie avec l´exclusion structurelle.

Il se pourrait que l´analyse du progrès, néanmoins, réifiait encore le critère de la supériorité, qu´on cherchait a établir depuis les premiers contacts, en faisant autrui plus différent qu´il ne l´était, soit pour permettre les formes plus atroces d´exploitation ou l´annihilation pure et simple d´un être « sans âme », et ainsi assimilé á l´animal, soit pour donner un espace de projection réel á l´imaginaire, soit encore pour projeter au loin les conditions regrettables d´une réalité dont si no la quantité, on partage au moins la qualité, comme il rende compte le surgissement des enclaves de pauvreté et misère « tiers mondiste » au cœur même des nations industrialisés.
[5]

Nouvelle réification d´un paradoxe ancien, ainsi comme on trouve la división du travail á la base du système productif, á un niveau supérieur, l´homogénéisation du monde sous sa férule, a généré une diversification du corpus-mundi, avec l´instauration –plus ou moins définitive et permanente- des statut différentiés entre les pays, du point de vue économique bien sur, mais aussi en termes de sa capacité d´articuler de façon cohérente les niveaux plus profonds de son imaginaire anthropologique.

Encore faudrait-t-il faire appel á l´inconnu, pour expliquer la coïncidence : si les européens étaient incontestablement détenteurs d´un savoir technique militaire, dont on a très bien su en profiter consciemment, les canons ne sauraient pas expliquer a eux seuls le génocide du « contact entre cultures », et les quelques 90 millions d´originaires morts, l´ont été d´avantage a cause des maladies inconnues, des virus et des bactéries
[6]. Que le cheval ait fait croire les indiens que les européens étaient des dieux, ne pourrait pas être utilisée dans sa défense. Pas plus qu´on ne peut pas savoir de nos jours, ce qui pense un enfant des bidonvilles de quelqu’un qui manipule un lap top de dernière génération. Ou est–ce qu´on peut trouver encore une raison de cause á effet pour expliquer que le 11/9, soit si lourd de signification á Santiago du Chili qu´a New York ?[7]



Santiago, Septembre 2004.
[1] Bardo Thötröl, The Tibetan Book of the Dead. Shambhala, San Francisco, 1973.[2] Eduardo Galeano, Las venas abiertas de América Latina. Siglo XXI, Madrid, 1980.[3] Claude Lévi-Strauss, Anthropologie Structurale 2, p.394. Plon, Paris, 1973.[4] Carl Marx, Le Capital, T I, p.800. Grijalbo, Barcelona, 1972.[5] Emmanuel Todd, L´ illusion économique. Gallimard, 1998.[6] Guido Barona, los Paradigmas de la Invención de América. Colcultura, Bogotá 1993.[7] La date fut la même pour le coup d´etat au Chili (11/9/73), que pour l atentat des Twin Towers a New York (11/9/01), 31 ans après… www.ctheory.net.

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